De quoi ça parle?


INDECT le méga cyber espion européen pire qu'ACTA


09 Mars 2012 Par Stéphanie Marthely-Allard



Pire qu' ACTA, PIPA et SOPA réunis, il y a INDECT, le grand oublié des pétitions qui tournent en ce moment. Lancé en silence le 1er janvier 2009, le programme européen de recherche INDECT est étallé sur 5 ans. C'est le temps nécessaire pour mettre en place ce méga cyber espion. Officiellement, la Commission Européenne a chargé le consortium INDECT de mettre en place "un système intelligent d'information permettant l'observation, la recherche et la détection en vue d'assurer la sécurité des citoyens dans un environnement urbain" et dont le but est en fait "la détection automatique des menaces, des comportements anormaux ou de violence.". Voilà qui a le mérite d'être explicite ...

Au nom de notre "sacro-sainte" sécurité, il se construit un monde où notre liberté semble fondre comme neige au soleil. Le consortium INDECT est en train de plancher très discrètement sur une sorte de méga robot qui épluchera minutieusement et automatiquement tous les sites internet, les forums de discussion, les FTP, les P2P et même nos ordinateurs personnels ... Une sorte de clône du projet ECHELON des Etats-Unis.

Les informations collectées seront traitées par des programmes qui seront en mesure de comprendre et d'enregistrer les relations entre les individus ainsi que les diverses organisations aux quelles ils appartiennent.  Avec en prime, la création automatique de dossiers sur les individus et les différentes oragnisations. Autant dire que notre vie privée ne l'est plus du tout. Il en ressortira une méga base de données extrêment détaillée et pointue de chacun d'entre nous. Il y est même question d'inclure le fichier ADN des Européen ainsi que leurs goûts et préférences !!!
Big Brother est bien là ...

La Commission Européenne avait prévu en 2009, un investissement de plus de 10 millions d'euros. Nous ne savons pas à ce jour combien le projet à coûté à la collectivité. 
Le préambule du cahier des charges fixé en 2009 est sans appel :
"…La sécurité devient le maillon faible des infrastructures énergétiques et de communication, des centres commerciaux, des centres de conférence, des aéroports et plus généralement des sites fréquentés par un grand nombre de personnes."
En pratique, tout lieu public est vulnérable et les risques qu’il supporte doivent être contrôlés et réduits autant que possible. Un contrôle d’accès et une réponse rapide à toute menace potentielle sont des propriétés que tout système de sécurité de tels sites doit absolument posséder."
" Le projet Indect est destiné à développer de nouveaux outils et de nouvelles techniques qui permettront à leurs utilisateurs finaux d’améliorer leurs capacités de détection et de prévention des actes criminels, améliorant ainsi la sécurité des citoyens européens… ».

L'utilisateur final d'INDECT est la sécurité nationale c'est à dire la police, la gendarmerie et l'armée pour tout ce qui relève de la criminalité, du terrorisme et la gestion des migrations. Par ailleurs, quand on sait la perméabilité des services de polices, on peut craindre que les employeurs ne puissent également être au courant de ces informations afin de juger sur pièces de votre "bonne moralité".

Le « club Indect » comprend d’ailleurs du très beau linge en matière de prévention des méga-menaces : la police d’Irlande du Nord, le quartier général de la police polonaise, les universités et pôles universitaires de technologie les plus pointus en intelligence artificielle, tels ceux de Grenoble, Madrid, Vienne, Wuppertal et York, auxquels se sont joints des représentants de Gdansk, Kosice, Ostrava et Poznan.

Au niveau Européen, l'examen à mi-parcours du 7ème programme-cadre au Parlement Européen a invité la Commission Européenne à instamment rendre public tous les documents disponibles et définir un  mandat stricte et clair de l'objectif de la recherche, l'application et les utilisateurs finaux d'INDECT. Il a été souligné l'importance d'une enquête approfondie sur l'impact possible sur les droits fondamentaux des citoyens européens.

Ces questions légitimes ont été balayées d'un revers de manche. En effet, le 15 mars 2011, INDECT a passé avec brio son examen éthique sous la houlette d'experts en éthique autrichien, français, anglais, hollandais et allemands. Il a été officiellement confirmé qu'il n'y avait pas de lacunes relatives aux aspects éthiques du projet. Permettez-nous d'en douter quelque peu ...

Il est étonnant qu'il n'y ai quasiment aucune documentation sur le sujet sur internet. Aucun grand média national n'a  de documents web archivés sur le sujet. Seuls quelques circuits informatifs alternatifs ont diffusé quelques infos en 2009 mais quasiment rien depuis. Pas de publication sur le sujet.  INDECT a bien un site internet ... en anglais, traduisible en polonais. Recherchez des informations sur GOOGLE relêve du parcours du combattant. Il est plus qu'étonnant qu'un tel projet soit passé quasiment sous silence. Il serait temps de mettre INDECT dans le débat démocratique tant que cela est encore possible. 

En effet, se pose la question légitime de savoir ce qu'est la prévision d'un comportement anormal où à la violence? C'est un grand fourre-tout liberticide aux mains de nos politiques, du futur MES (qui seront immunes et haut dessus de tous les
gouvernements et tribunaux) et leurs amis "bienveillants". Oui, ces braves gardiens de nos libertés d'agir et de penser qui agissent pour le bien commun. Savent-ils vraiment au moins ce que cela veut dire? 

Il est plus que temps de renverser cette tendance fascisante de notre société. Nous sommes en train de creuser nos propres tombes en nous déchargeant du débat politique à nos pseudos élites. Devenons des consciences éclairées et politiquement actives tant que cela est encore possible.
Réinvestissons l'espace politique qui nous appartient et défendons bec et ongles nos intérêts, celui de l'humain d'abord. 
Il est temps que toute cette conscience active se rassemble afin de mettre à mal leurs noirs desseins. 

La balle est dans notre camps. Prenons-la avant de la prendre dans la tête et dans la rue. A moins que nous ne finissions tous par croupir au fond de je ne sais quelle cellule pour avoir commis pour seul crime celui de vouloir s'informer en dehors des médias traditionnels, de sortir de la pensée unique, de vouloir changer le monde pour le rendre meilleur, plus humain, moins technocratique et oligarchique ...

Vous ne serez pas les fossoyeurs de notre vie privée et de la démocratie.

NON A L'INDECT, PIPA, SOPA , ACTA ET AU MES !!!
RESISTANCE !!!




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La solution vendue par Amesys est un équipement permettant d'espionner la population libyenne. Les révélations du Wall Street Journal au sujet des écoutes faites en Libye à l'aide de technologies vendues à Kadhafi par la société Bull/Amesys ont provoqué une certaine panique parmi les employés et les dirigeants de la société.

La communication officielle d'Amesys, filiale de Bull et ayant vendu un système d'écoute global à la Libye, tranche assez sensiblement avec la prise de conscience chez certains de ses salariés. Le marché date de 2007. A cette époque il faut bien se rendre compte que les relations diplomatiques entre la France et la Libye étaient au beau fixe. Kadhafi venait d'être reçu par Nicolas Sarkozy avec les honneurs de la république. De cette détente entre les deux pays est naturellement apparue des échanges commerciaux. Y compris sur l'armement.

La solution vendue à Kadhafi est un équipement passif (il n'est par exemple pas capable de faire de l'usurpation de certificats SSL). Il est placé derrière un tap chez le fournisseur d'accès. Il analyse le trafic qui lui est envoyé, puis il l'indexe dans une base de données. Les autorités peuvent ainsi, grâce à des mots clés, ou de manière plus ciblée, faire des recherches sur les personnes qui les intéressent en fonction de ce qu'elles se sont raconté.








AMESYS SURVEILLE AUSSI LA FRANCE
LE 18 OCTOBRE 2011 JEAN MARC MANACH

Amesys, la société qui avait vendu à Kadhafi un système de surveillance massive de l'Internet, a aussi vendu au moins sept systèmes d'espionnage des télécoms aux militaires, services de renseignement et policiers français.

Selon les registres des marchés publics consultés par OWNI, Amesys, la société française qui a fourni à la Libye de Kadhafi un système de surveillance globale de l’Internet, a également vendu ses matériels d’interception à la France de Sarkozy. Les comptes rendus de ces marchés montrent qu’Amesys a équipé les services français des ministères de la défense et de l’intérieur d’au moins sept systèmes d’interception et d’analyse des communications. Une réussite pour cette Pme très spéciale, qui a fait des systèmes de guerre électronique son cœur de métier.

Les grandes oreilles du renseignement français made in Amesys

En juillet 2007, Amesys décrochait en France un marché de 100 000 euros à la terminologie un peu technique. Il s’agissait de démodulateurs et logiciels de traitement de l’information dans le cadre de l’”acquisition d’une chaine d’interception DVB“, pour Digital Video Broadcasting, la norme de diffusion vidéo numérique, qui sert aussi à la transmission des données par satellite.

La Direction du renseignement militaire (DRM) était l’acquéreur. Avec la DGSE, la DRM opère le système Frenchelon d’interception massive des télécommunications. Le nom de ce service de renseignement n’apparaît pas en toutes lettres. Mais marc_badre@yahoo.fr, l’adresse e-mail générique utilisée pour l’appel d’offres remporté par Amesys, est bien celle de la DRM.

Plus tard, en novembre 2008, Elexo, l’une des filiales d’Amesys, emporte un marché de 897 000 euros au profit, là aussi, de la DRM, qui voulait se doter de “démodulateurs routeurs IP satellite et analyseurs” dans le cadre d’une “acquisition de matériels pour plate forme de réception satellite TV“. Dans ce même marché, la DRM a aussi investi 837 200 euros dans des “antennes de réception DVB et matériels connexes“.



D’aucuns objecteront que 837 200 d’euros, ça fait un peu cher l’antenne satellite pour recevoir la télévision. Le lieu de livraison, la base militaire de Creil, est cela dit connue pour accueillir le Centre de Formation et d’Emploi relatif aux Émissions Électromagnétiques (CFEEE) et le Centre de Formation et d’Interprétation Interarmées de l’Imagerie (CFIII), les “grandes oreilles” et les “gros yeux” de la DRM, dont le travail repose sur l’interception et l’analyse des télécommunications et images émanant des satellites.

Un hacker, fin connaisseur des satellites, a bien ri en découvrant ces appels d’offres, dans la mesure où ce sont typiquement des systèmes d’espionnage des flux de données (TV, téléphonie, Internet) transitant, en clair, par les satellites. Sans compter que d’autres hackers ont récemment démontré que pirater un satellite était simple comme bonjour. Mieux: on pourrait faire pareil, mais en beaucoup moins cher… à savoir “une cinquantaine d’euros, neuf, dans n’importe quelle grande surface de bricolage, au rayon antennes et TV satellite“.

Le ministère de l’Intérieur, aussi

Les services de renseignement militaire ne sont pas les seuls clients d’Amesys : en juin 2009, la société emportait un appel d’offres de 430 560 euros, initié par le ministère de l’Intérieur, qui cherchait des enregistreurs numériques large bande. Amesys en vend deux : l’ENRLB 48, qui permet “l’acquisition ou le rejeu en temps réel de plusieurs types de signaux” et qui est commercialisé en tant que système de SIGINT (pour Signal Intelligence, renseignement d’origine électromagnétique, ou ROEM, en français), et l’ELAN-500, qui permet de faire de l’”analyse tactique d’environnement ELINT” (Electronic Intelligence).



Tous deux, comme le précise Amesys dans sa fiche de présentation, sont soumis à une “autorisation R226“, doux euphémisme pour qualifier les systèmes d’écoute et d’interception : les articles R226 du Code pénal, intitulés “De l’atteinte à la vie privée“, portent en effet sur “la fabrication, l’importation, l’exposition, l’offre, la location ou la vente de tout appareil susceptible de porter atteinte à l’intimité de la vie privée et au secret des correspondances“.

La vente de ce système au ministère de l’Intérieur a donc été soumise à une autorisation délivrée par le Premier ministre, après avis d’une commission consultative “relative à la commercialisation et à l’acquisition ou détention des matériels permettant de porter atteinte à l’intimité de la vie privée ou au secret des correspondances“.

Aucune information ne permet de savoir à quoi ils servent ou ont servi. Contactée, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), dont le directeur général préside la commission consultative chargée d’émettre des autorisations sur ce type de technologies, répond que la vente de ces systèmes a “forcément” été validée par la commission consultative, mais refuse d’en dire plus.

Contactés pour savoir à quoi pouvaient bien servir ces systèmes, et s’ils avaient bien été autorisés, les ministères de la Défense et de l’Intérieur n’ont pas souhaité répondre à nos questions. Les seules données publiquement accessibles sont ces appels d’offres, les technologies utilisées, et leurs donneurs d’ordre. Impossible de savoir s’ils permettent d’espionner des Français, si ces écoutes sont contrôlées, et si oui par qui…



Matignon, à qui nous avons demandé si le Premier ministre avait bien, comme le veut la loi, dûment autorisé ces contrats, n’a, lui aussi, pas daigné répondre à nos questions. Les termes employés dans les appels d’offres montrent bien, pourtant, qu’il s’agit de matériel de surveillance et d’interception massive des télécommunications.

Aintercom, Ramius, Proxima, Ecofer, Marko…

Amesys a vendu plusieurs autres systèmes à l’armée française. En décembre 2006, I2E, qui deviendra Amesys lors de sa fusion avec la société de conseil en haute technologies Artware, emporte ainsi, en tant que mandataire d’EADS Defence & Security1 et Bertin Technologies2, un marché de 20 millions d’euros portant sur la démonstration d’architecture modulaire d’interception de communications (Aintercom).

Le client : le service des programmes navals de la Direction Générale de l’Armement (DGA), chargée, au sein de la Marine, de la “lutte au-dessus de la surface” et donc, en matière de guerre électronique, des “grandes oreilles” chargées des interceptions radio et radar.

Dans le cadre du contrat Aintercom, Amesys et la DGA ont financé plusieurs travaux de recherche universitaire, et organisé un séminaire, afin d’identifier des moyens d’être mieux à même de déchiffrer les communications interceptées.



Ce même mois de décembre 2006, I2E remporte un autre marché, portant sur un système d’écoute de signaux radar et télécommunication appelé “Ramius”, à destination du Centre d’électronique de l’armement (CELAR).

Renommé DGA Maîtrise de l’information fin 2009, le CELAR est le laboratoire de recherche et développement de la Direction Générale de l’Armement (DGA), spécialiste de la guerre électronique et des systèmes d’information chargé, notamment, de l’évaluation des systèmes de renseignement.

Un appel d’offres initial évoquait “un ensemble d’enregistrement de signaux de type impulsionnel et continu avec une bande de fréquence de 0,1 à 20 GHz“, et un autre appel d’offres, relativement similaire, portant sur un autre système (Proxima), précise que ce type de matériel “sera utilisé à des fins d’expérimentation de récepteur d’Elint (électronique intelligence) et de maquettes de récepteurs Elint“, du nom donné à ces renseignements que l’on obtient à partir des émissions électromagnétiques d’appareillages électroniques (voir la fiche sur le renseignement d’origine électromagnétique sur Wikipedia).

En décembre 2007, la société française emportait un marché de 471 750 euros, portant cette fois sur un “système d’interception de faisceaux hertziens numériques ECOFER“, et porté par la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information (DIRISI) au profit de l’état-major des armées.

En décembre 2009, Amesys emportait un autre marché pour le compte du CELAR, portant sur 620 482euros d’outils d’analyse et récepteurs, sous l’intitulé “Projet Marko : Enregistrement de signaux électromagnétiques” qui, d’après cette offre de stage, serait le nom de code donné à un système d’analyse de signaux radar.

Aintercom, Ramius, Proxima, Ecofer, Marko… cette liste n’est probablement pas exhaustive : il faudrait aussi y rajouter les appels d’offres classifiés, portant sur des systèmes probablement plus intrusifs. Pionnière de la guerre électronique, la France est aussi l’une des rares puissances à disposer d’un système global d’espionnage des télécommunications, surnommé Frenchelon en “hommage” à son modèle anglo-saxon Echelon, et dont les stations d’écoute profitent largement de ses anciennes colonies (voir la carte des stations Frenchelon et, plus bas, un diaporama Google Maps).

Bernard Barbier, le “directeur technique” de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE), expliquait ainsi en décembre 2010 que s’il avait fallu attendre l’arrivée d’un jeune ingénieur télécom, Henri Serres, en 1983, pour que la DGSE décide de se doter d’une “direction technique“, et que la France avait donc près de 40 ans de retard sur les anglo-saxons, “aujourd’hui, on est en première division“.
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